Diagnostiquer l’anorexie mentale

De son vrai nom anorexie mentale, l’anorexie fait partie des troubles du comportement alimentaire (TCA). Elle se caractérise par une restriction alimentaire sur le long terme (mois/années), par un IMC bas voire très bas, par une phobie de grossir et/ou une perception fausse de son apparence et de son poids (dysmorphophobie). Le contrôle minutieux des calories, la chasse au gras ou au sucre sont les manières les plus courantes de contrôler ce qui est ingéré. Le recours aux laxatifs et/ou au sport à outrance constitue un moyen pour gérer le poids et les éventuels excès. L’anorexie peut être associée à des conduites boulimiques également.

Ce TCA touche surtout :

  • les femmes entre 15 et 25 ans
  • les milieux du sport, de la danse et du mannequinat
  • les personnes perfectionnistes

Selon une étude de l’Hôpital universitaire et de l’Université de Zurich, 1,2% des femmes et 0.2% des hommes seraient touchés par l’anorexie au cours de leur vie en Suisse.

Comment diagnostiquer la dénutrition ?

Visuellement tout d’abord en observant la personne suivie : peau terne, cernes, cheveux ou dents abîmés, ossature saillante et massive ne correspondant pas à la morphologie naturelle, fin duvet sur les bras (lanugo), mains froides, jambes marbrées, couleur de la peau ou des lèvres qui tire vers le bleu, nervosité, difficulté à se concentrer, etc. Pour cette raison, même si les visioconférences se sont démocratisées depuis la pandémie, il est important d’effectuer la consultation de départ en présentiel.

Une anamnèse complète permettra d’encore mieux cerner la problématique :

  • IMC (<18,5)
  • questionnaire médical par systèmes de l’organisme
  • qnalyses médicales fournies par le médecin traitant ou par un laboratoire (bilan sanguin, bilan des vitamines, tests d’intolérance, analyses urinaires, etc.)

Apports nutritionnels chez l’anorexique

Bien qu’il soit difficile de tirer une généralité, l’apport énérgétique fourni par l’alimentation permet tout juste de faire fonctionner le métabolisme de base. Dans les cas les plus graves, les calories sont si faibles (<1000 kcal) qu’il devient rapidement difficile de réguler la température corporelle et l’activité cardiaque.

Les personnes anorexiques fuient le gras, les sucres raffinés, mais parfois font des excès de féculents ou d’alcool, ce qui est paradoxal car ces derniers sont presque autant caloriques. L’excès de protéines maigres est également constaté, ce qui acidifie le corps et conduit à de la fatigue rénale.

Questionner sur les repas et leur fréquence permet d’avoir un apperçu de l’énergie alimentaire quotidienne. Faire remplir un plan alimentaire est par contre contreproductif, la personne anorexique étant déjà dans l’hypercontrôle.

Bénéfices d’un suivi en nutrition

En plus des aspects diététiques, un suivi en nutrition s’intéresse aux émotions de la personne:

  • émotions qui l’amènent à manger ou renoncer à se nourrir
  • émotions générées par l’acte de manger ou de se priver

En aidant la personne à mieux se comprendre, celle-ci apprend à identifier les facteurs de risques et à mieux maîtriser les crises.

Une collaboration avec le médecin traitant est vivement souhaité de sorte à pouvoir réaliser les analyses médicales nécessaires. Si l’état psychique est fortement atteint, une collaboration avec un psychiatre est également recommandé.

A noter que les anorexiques sans crise de boulimie consultent peu, leur mental étant à ce moment très fort. Lorsque survient la boulimie (le plus souvent une alternance boulimie/anorexie), l’estime de soi chute et la recherche d’aide externe devient une évidence.

Les critères nécessitant l’hospitalisation

Il existe des critères physiques et comportementaux.

  • physiques
    • IMC  < 15
    • tachycardie
    • pression trop basse
    • hypothermie
    • troubles électrolytiques importants
    • thrombopénie, leucopénie
    • créatinine > 100 µmol/L
  • comportementaux
    • pensées suicidaires
    • refus total de manger ou boire
    • comorbidités (addiction autre, TOC, psychose, anxiété et dépression, etc.)
    • stress environnemental (conflits familiaux, isolement social, etc.)
    • aggravation de l’anoremie malgré un traitement ambulatoire
    • souhait de la personne

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